L’huile d’olive est un produit à forte valeur ajoutée. L’huile extra-vierge tunisienne a pu être commercialisée dans tous les pays du monde. Faouzi Zayani, président de la Chambre nationale de l’agriculture biologique et du tourisme vert (Synagri), nous donne plus de détails au sujet de ce produit. Entretien.
Quelles sont les difficultés rencontrées par les agriculteurs actuellement dans un contexte marqué par la pandémie Covid-19 et comment peut-on développer davantage les exportations ?
Depuis des décennies, l’agriculteur n’a pas un accès facile et simplifié au financement. 80% sont de petits agriculteurs qui possèdent moins de 10 ha. Les crédits sont chers et non accessibles à tous. La proposition du Synagri est de développer et promouvoir la création d’un maximum de sociétés mutuelles agricoles. Ces sociétés pourront obtenir des crédits plus facilement pour un groupe d’agriculteurs en remplacement des crédits individuels.
Une deuxième difficulté à citer : elle concerne le manque de ressources humaines et financières. Le ministère de l’Agriculture devrait faire plus pour assurer une meilleure vulgarisation des agriculteurs. Quant à la troisième difficulté, elle concerne l’absence d’une politique commerciale et de marketing pour promouvoir l’huile d’olive conditionnée à l’étranger.
Nous avons eu des centaines de médailles depuis trois ans, mais nous n’avons pas pu exploiter cette donne et opportunité pour exporter plus. L’Office national de l’huile (ONH) a failli à ses missions historiques qui consistent à veiller à la constitution d’un stock stratégique qui va participer à la régulation des prix et permettre aux producteurs de vendre leur produit avec des prix qui couvrent les coûts de production.
Comment peut-on développer davantage les exportations ?
L’Etat doit assumer ses responsabilités, à savoir l’adoption d’une politique ambitieuse au niveau de la commercialisation et du marketing international. Beaucoup de pays en Afrique connaissent une croissance intéressante et nous pouvons y exporter notre huile au prix fort. Nous devons, également, développer l’exportation de l’huile d’olive conditionnée. Les technologies nouvelles d’information doivent être au service d’une politique commerciale rigoureuse et efficace. Et cela passe par l’encouragement des jeunes startuppeurs qui peuvent apporter des solutions efficaces et moins chères.
Quel est le volume des exportations de l’actuelle campagne ?
Le volume des exportations pour la campagne passée 2020/2021 durant les 5 mois (de novembre 2020 à mars 2021) est de l’ordre de 109.000 tonnes dont 11.520 t conditionnées avec une recette de 852 millions de dinars. 80% des exportations sont de l’huile extra vierge, alors que 30.000 t des exportations sont biologiques. Cela montre l’importance du secteur oléicole biologique sur le plan international. La Tunisie est le premier pays producteur et exportateur de bio. Donc, il faut saisir l’opportunité historique et développer davantage ce secteur qui peut nous rapporter des sommes considérables en devises.
La question de l’eau pour l’irrigation des oliviers se pose-t-elle pour le secteur ?
La Tunisie vit une situation de stress hydrique et cela concerne toutes les cultures, y compris la culture oléicole. Il faut une meilleure gouvernance de l’exploitation de nos ressources en eau. Il est temps de travailler sur des cultures en semi-irrigué et en sec.